9 mai 2012

Rencontre avec Marc Bataille, gentleman-poète


Dans une autre vie, il a été coursier à mobylette, ouvrier d’usine, puis chef d’entreprise dans l’immobilier et Parisien pressé. Le voici, depuis six ans, respirant un autre air, celui de Lourmarin. Ici, sous le ciel cher à Camus, les pages d’une existence multiforme se déplient autrement, se recomposent, avec la poésie pour fil conducteur. Car s’il est une constante chez ce gentleman-poète aux allures un peu lunaires, c’est l’écriture. « J’y suis venu très tôt, pour exister », dit-il. Des blessures d’enfance jamais refermées, une sensibilité à fleur de peau, puis la brutalité du monde du travail, l’argent, le pouvoir… « Le kaléidoscope de mes métiers m’amène à porter un regard un peu différent sur les choses. Ma position en toutes circonstances, c’est une certaine mise à distance », dit-il. Un titre dans le journal, une circonstance de la vie quotidienne font jaillir des juxtapositions de mots, qu’il note sur des bouts de papier. «De temps en temps, je jette tout, je garde quelques phrases. » Cette matière première, il la retravaille sur le mode éruptif quand il entre « en état d’écrire ». Elégance, discrétion, cruauté. Les mots jaillissent, nets, simples, avec leur poids de quotidien. L’auteur les rassemble en petites formes dont il pense également la typographie, les alinéas, les blancs. En exergue de son dernier opus « Voici venir l’orage », une citation de Nietzsche est donnée comme une clé: « La profondeur se cache à la surface des choses ».

Carina Istre

« Papillon du matin », Ed. Opéra. « Parfois je vous quitte », Ed. Elzévir. « Voici venir l’orage », Ed. Elzévir.

Paru dans Prosper, le Magazine culturel, Vaucluse, Avignon, Drôme provençale, Alpilles. N° 26, juillet, août, septembre 2011.

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